Laurent JUILLET a écrit :promain a écrit :vu que vivre dans ce pays permet également d'être exonéré de la cotisation retraite RAAP/RACL )
Et par la même ne pas se constituer de retraite complémentaire.
Laurent, je découvre ton message tardivement!

Je comprends ton argument "ne pas se constituer de retraite" pour ceux qui s'exilent.
Après ça n'interdit pas de se poser la question sur la viabilité de l'IRCEC pour ceux qui resident en France également.
Visiblement, l'IRCEC est intenable à long terme : le rendement est beaucoup trop élevé. On cotise finalement peu pour un rendement excellent. Comment est-ce possible?
L'économie, ce n'est pas de la magie, ce sont des calculs simples.
Comme actuellement il y a peu de retraités ircec (l'IRCEC existant depuis seulement quelques décennies) pour maintenir les pensions promises aux retraités, il faut beaucoup de cotisant = les jeunes, comme toi, comme moi.
Mais lorsque les cotisant IRCEC des autres générations commenceront à toucher leur retraite, qui va financer? A chaque nouvelle generation, il faudra augmenter de fou les cotisations ou qu'il y ait comme par magie beaucoup plus de cotisant.
Un journaliste, très serieux et compétent, du magazine économique capital Erwan Seznec a enquêté sur l'IRCEC, et visiblement c'est pas glorieux et c'est plutôt inquiétant. (je me permets de quoter ses messages ayant discuté avec lui par Facebook, ça ne lui pose pas de soucis)
Quelques extraits tirés de ses posts sur le forum Kob One
La communication de l'Ircec est délibérément floue pour noyer quelques points essentiels. L'un d'entre eux est que la cotisation n'est obligatoire que lorsque les revenus d'auteurs dépassent un certain plafond (8703€ pour les revenus de l'année 2017, 8784€ pour 2018). En dessous, aucune cotisation n'est obligatoire. Vous ne trouverez nulle part l'indication élémentaire : combien de retraite versée pour 100€ de cotisés ? Personne ne peut le prévoir, car l'Ircec est ce qu'on appelle un régime à point. En cotisant, vous achetez des points, mais l'Ircec est libre de revoir à la baisse la valeur de ce point, dont dépend votre future pension. Ce n'est pas forcément une arnaque, mais dans le cas de l'Ircec, étant journaliste d'investigation économique et ayant bossé le dossier, je pense que l'avenir est très sombre. ce régime, en plus d'avoir été géré de manière hasardeuse (taper "cour des comptes" + ircec sur google pour plus de précisions) souffre de nombreux déséquilibres liés à sa petite taille et à sa concentration sur les métiers créatifs. Il a durci récemment les conditions de cotisation afin de remplir les caisses, pour payer les retraites des actifs des années passées, relativement peu nombreux, mais qui ont peu cotisé. Quand les classes d'âge plus nombreuses des créatifs d'aujourd'hui partiront en masse à la retraite, dans une vingtaine d'années, tout porte à croire qu'il y aura un gros problème. En fait, l'Ircec aura probablement été absorbé d'ici là par un régime plus grand, afin de diluer un peu le problème.
A l'heure où j'écris, il faut cotiser à hauteur de 75,58€ exactement pour acheter un point. Ce point donne droit à une pension annuelle de 8,31€. Si vous avez 200 points, vous touchez 1662€ de retraite mensuelle. Les cotisants d'aujourd'hui payent pour les retraités d'aujourd'hui. Vos cotisations sont fondues dans un pot commun.
Avec ces éléments en tête, il faut maintenant examiner la rentabilité apparente du point Ircec. Le calcul est niveau CP : je cotise 75€ une fois, je touche 8€ par an (oublions les centimes). Donc, en moins de 10 ans (9 ans et 4 mois, exactement), j'ai rentabilisé mes cotisations. Vu l'espérance de vie, un tel rendement est intenable. Les retraités ne vont pas percevoir leur pension 10 ans seulement et mourir gentiment ensuite. Ils vont rester pensionnés plutôt 20 ans, voire 25 ans.
Pour prendre un repère fiable, il existe une retraite complémentaire obligatoire pour tous les fonctionnaires (le Régime additionnel de la fonction publique, RAFP). Il est bien tenu. Chez eux, il faut 30 ans pour rentabiliser ses cotisations. Le point est à 1,20€, et il ouvre droit à 0,04€ de prestation retraite (j'arrondis). Le RFAP est fait pour durer. Pas l'Ircec.
Les techniciens de l'Ircec, bien entendu, savent tout cela. Je pense que leur raisonnement est le suivant : comme pratiquement tous les petits régimes spéciaux de retraite, l'Ircec n'a aucun avenir. Les réformes en cours vont conduire à sa disparition. Pas la peine de raisonner à long terme. Autant verser maintenant des pensions confortables, tant pis pour les petits jeunes qui cotisent. Le temps qu'ils comprennent, quand viendra le moment de prendre des décisions douloureuses, L'Ircec aura disparu.
Ces techniciens, par ailleurs, ne reculent pas devant d'énormes bobards : ils soutiennent que l'Ircec a pour 19 ans de pensions en réserves, ce qui n'a aucun sens. 19 ans avec les cotisants d'aujourd'hui, beaucoup plus nombreux que les pensionnés. Mais demain, les cotisants seront pensionnés. Comment va évoluer la population des actifs payés en droit d'auteur ? Qui peut sérieusement croire qu'elle augmentera comme elle l'a fait ces 15 dernières années ?
Après, comme tout système de retraite par répartition, le soucis c'est que c'est irréformable. Quand on a mis le doigt dans l'engrenage c'est déjà fichu... ceux qui ont beaucoup cotisé et pas loin de la retraite feront tout pour préserver le système.
Bref, dorénavant, je considère que ce que je cotise à l'IRCEC / RACL est à fond perdu, je ne retrouverai pas à l'arrivée ce que j'aurais cotisé.
