Je crois que la tonalité a été "tuée" par une utilisation très extensives de ses limites, ce qui ne veut pas dire que le champ tonal soit mort évidemment.
Cependant la musique de Sariaho par exemple pour respectable qu'elle puisse être ne représente que la musique de Sariaho, de même pour Eotvös etc ..
De même que les derniers quatuors de Beethoven ont été pendant un siècle et plus réservés à une élite cultivée, et considérés comme un sommet de ce que le snobisme pouvait générer comme masochisme intellectuel, Claude Debussy eut des mots pour le moins sévères à leur égard.
Leur notoriété leur vint en fait de l'enregistrement, et quand le Quatuor Amadeus publia l'intégrale en lp 33t ce fut une initiation pédagogique pour tout le monde. Le quatuor Amadeus devint une sorte de boy's band qui jouait à guichet fermé dans le monde entier, mais je me souviens à la même période avoir vu un concert du quatuor Juilliard dans une salle gaveau à moitié vide.
Il est des arts qui restent "élitistes" dans la mesure où ils s'adressent à une tranche de population qui a le temps et la disponibilité et l'envie de s'y consacrer, même en temps qu'auditeur.
Si les quatre saisons de Vivaldi peuvent servir de musique de répondeur ou de file d'attente, pas plus la musique de Sariaho (à moins d'être coupée de ses passages un peu "décadents" que celle de Boulez ni même de Reich seront à même de satisfaire les désirs d'agrément du consommateur.
C'est je crois (et indépendamment de ce que je peux penser de la musique de K S) une illusion pour ne pas dire une imposture, de croire que parce qu'une musique sera exposée dans une langage plus agréable, qu'elle sera plus accessible, Bacon a bien nié avec vigueur la peinture abstraite son œuvre n'est pas accessible entre midi et deux avec un sandwich, pas plus que l'op 132 de LVB ou le msm.
A moins de considérer qu'il existe des façons plus ou moins agréables de "tuer le temps"
on pourrait aussi faire des versions faciles des opéras de Wagner ou tous les intervalles chantés supérieurs à la sixte mineure seraient renversés ainsi toute cette tension vocale et physique et donc musicale serait allégée et ces œuvres plus reposantes à écouter

Ou alors considérer que l'art n'est pas à proprement parler un plaisir de consommation. Et là l'art de la fugue devient aussi décapant qu'un quatuor de Schönberg, d'ailleurs passé le n° 2 du cycle, Ces deux œuvres ont le privilège commun de faire fuir 90% des mélomanes, alors ont peut arriver à vider encore plus la salle avec des concerts d'ars subtilior (dont à propos on ne sait pas grand chose des conditions d’exécutions, malgré des déclarations définitives de D Vellard) déjà l'ars nova nous échappe un peu (pour qui s'est frotté à du Machaut)
La facilité d'une œuvre est en général soit le fait d'un tel rabâchage radiophonique que ça devient du karaoké, soit de sa vacuité, soit d'une écoute ou d'une exécution incomplète, ainsi le rock de ligetti si on n'écoute que le chant peut paraitre comme une sorte de fa m si on écoute les deux mains c'est une œuvre de fait dodécaphonique avec de forts relents de sérialisme, le tout avec beaucoup d'humour et de grâce, Là ou je te donne raison (si tu permets pas de lutte de pouvoir ici svp) C'est le travail sur les grands ambitus de certains compositeurs (oui toujours les mêmes) qui comme le disait Darius Milhaud après avoir dirigé le pierrot lunaire, peut être sollicitant pour les nerfs, trop pour certains juste ce qu'il faut pour d'autres, de même pour des juxtaposition sonores parfois une acides, y a -t-il là matière à débat ?
je ne crois pas