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- deb76 -
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{ par deb76
- le 02/01/2012 17:24:31 }
En effectuant une recherche sur le Net, je suis tombé sur cette communication de François Porcile lors de la séance du mercredi 7 juin 2006 de l'Académie des Beaux-Arts et évoquant de façon trÚs documentée Une constante de la vie musicale française : l'esprit de chapelle .
Le texte par l'Ă©clairage qu'il apporte est assez savoureux, chacune des chapelles en prend pour son grade, n'est Ă©pargnĂ©e, dans cette Ă©vocation des querelles esthĂ©tiques, confessionnelles, politiques, et attisĂ©es par les critiques musicaux. L'auteur situe l'origine de cet esprit de chapelle Ă lâĂ©poque oĂč la critique musicale glissa de la chronique mondaine Ă la tribune esthĂ©tique, soit au moment oĂč la SociĂ©tĂ© Nationale de Musique prenait son essor, dans les annĂ©es 1875-80. DĂšs lors, recourant volontiers Ă la mĂ©taphore ecclĂ©siastique ou militaire, la critique entretint un bipartisme manichĂ©en entre Ă©coles et sociĂ©tĂ©s rivales, alimentĂ© par ce redoutable travers bien français de la classification et de lâĂ©tiquetage .
Un texte que je trouve intéressant car il explique, met en lumiÚre la violence, de par son historique, des propos de part et d'autre au lendemain de la seconde guerre mondiale autour de la musique contemporaine, mais aussi des attaques contre Debussy, Ravel, Stravinsky, Messiaen...
Quelques extraits :
Evoquant la SociĂ©tĂ© Nationale de Musique, fondĂ©e au lendemain de la capitulation de janvier 1871 par Camille Saint-SaĂ«ns et Romain Bussine, qui avait pris pour blason « Ars Gallica » avec pour porte-flambeau CĂ©sar Franck, entendait promouvoir la musique instrumentale française contre lâomnipotence du théùtre lyrique tombĂ© aux mains des Italiens , François Porcile souligne que si Le comitĂ© a rĂ©uni des classiques rĂ©actionnaires et des wagnĂ©riens avancĂ©s, qui nâen vivaient pas moins dans la meilleure intelligence , ce cĂ©nacle est d'abord national. Et le fait quâon puisse y accueillir des oeuvres de Grieg et Rimski-Korsakov provoquera en 1886 la dĂ©mission fracassante de Saint-SaĂ«ns. Un Saint-SaĂ«ns qui est dĂ©crit par le compositeur et critique musical Emile Vuillermoz comme « Patriote jusquâau chauvinisme, français jusquâau « gallicanisme », ce normand Ă -demi champenois avait fait de la xĂ©nophobie le dogme essentiel de son Ă©vangile ».
(...)la Schola Cantorum. Créée en 1894, cette Ă©cole de musique religieuse a pour ambition premiĂšre la remise Ă lâhonneur de la tradition polyphonique et du plain-chant grĂ©gorien. Il sâagit donc par dĂ©finition dâune chapelle, mais qui au bout de deux ans va sâouvrir Ă la musique profane, et dĂ©livrer un enseignement exclusivement axĂ© sur le contrepoint, en opposition aux pratiques du Conservatoire privilĂ©giant lâĂ©tude de lâharmonie . PrĂŽnant ainsi cette prééminence de lâĂ©criture horizontale du contrepoint, soit la superposition des lignes mĂ©lodiques, contre la science verticale de lâenchaĂźnement des accords, câest-Ă -dire lâharmonie, la Schola se posait en ennemie du Conservatoire.
Mais cette opposition ne se limite pas Ă une simple querelle de principes dâĂ©criture. Pour Louis Laloy, la Schola est « une Ă©cole de morale, non moins que de musique. »
(...) Ă quelques mois de lĂ , en juin 1907, DĂ©odat de SĂ©verac soutient sa thĂšse de fin dâĂ©tudes Ă la Schola, dont lâintitulĂ©, dans ce contexte particulier, ne manque pas de piment : « La centralisation et les petites chapelles musicales ».
Il y dĂ©nonce les « confrĂ©ries rivales qui chacune se croient dĂ©positaires de la vĂ©ritĂ© intĂ©grale et, Ă ce titre, se dĂ©cochent des traits acĂ©rĂ©s au nom du beau et de lâart », et stigmatise les jeunes musiciens qui, « sâils sont affiliĂ©s Ă diffĂ©rentes sectes qui sâexcommunient mutuellement, adorent au fond le mĂȘme dieu : Paris. » (...)Les fidĂšles se partagent en deux groupes et se rassemblent autour des deux chapelles latĂ©rales.
« Dans la chapelle de droite, le prĂ©dicateur est une sorte de moine du moyen-Ăąge. (...) Il enseigne les grandes traditions classiques et la nĂ©cessitĂ© dâune « discipline sĂ©vĂšre » dans la rĂ©alisation des oeuvres. Il dit que lâart peut et doit progresser Ă©ternellement sans sortir de la voie que les grands maĂźtres lui ont tracĂ©e. »
Alors ses adeptes sâemploient Ă dresser une statue de la muse dite « musique horizontale » avec sur son socle cette inscription : unum solum, necessarium, contrapunctum. (Une seule chose compte, le contrepoint)
« Le prĂȘtre qui officie dans la chapelle de gauche parle avec Ă©lĂ©gance et avec charme. (...) Il a tour Ă tour lâesprit raffinĂ© dâune attique et la grĂące dâun abbĂ© de cour. Câest « lâamour de la musique pour la musique » quâil enseigne et il a dans la voix des accents pathĂ©tiques, parfois sublimes, toujours charmants et dĂ©licieux. »
Et ses fidĂšles dâĂ©riger une statue de la muse appelĂ©e « musique verticale » sur le socle de laquelle on peut lire : Nihil nisi harmonia prodest (rien nâimporte autant que lâharmonie).
Debussy-Cocteau : Coq dâun nouveau clocher dĂ©diĂ© au culte dâErik Satie, Cocteau dĂ©clare : « Lâimpressionnisme vient de tirer son joli feu dâartifice Ă la fin dâune longue fĂȘte. Câest Ă nous de bourrer les pĂ©tards dâune autre fĂȘte. » Debussy vient de disparaĂźtre, et Cocteau lance en guise dâĂ©loge funĂšbre : « On ne peut pas se perdre dans le brouillard Debussy comme dans la brume Wagner, mais on y attrape du mal.[ »/i]
Messiaen : A partir de 1943 Messiaen organise un cours de composition et dâanalyse chez un camarade de stalag, Guy-Bernard Delapierre, Ă qui il dĂ©diera sa Technique de mon langage musical, ouvrage dont la publication, en juillet 1944, suscitera autant lâadmiration que lâhilaritĂ©.
TĂ©moin ce petit Ă©change Ă©pistolaire entre Pierre Bernac et Francis Poulenc : « Jâai pensĂ© vous faire bien rire en vous envoyant lâincroyable bouquin de Messiaen. Cela dĂ©passe en bĂȘtise tout ce que lâon peut imaginer ! » RĂ©ponse de Poulenc : « Câest tout simplement inĂ©narrable. Dukas et DuprĂ© sont trĂšs responsables de cet Ă©tat pĂ©dagogique exacerbĂ© par le mysticisme du Monsieur. »
VilipendĂ© par les traditionalistes, le pape Messiaen subit tout autant les foudres dâun Savonarole nommĂ© RenĂ© Leibowitz. Quand Maurice Le Roux lui prĂ©sente ses premiers travaux, le couperet tombe : « Câest Ă©pouvantable, Messiaen vous a rendu un bien mauvais service. » (42)
Mais Ă son tour lâintransigeant Leibowitz va se trouver contestĂ© par son premier admirateur, Pierre Boulez, qui va violemment lĂ©zarder les murs de sa chapelle schoenbergienne intĂ©griste. JugĂ© incompĂ©tent comme chef dâorchestre, il est Ă©galement attaquĂ© sur la rigiditĂ© et lâĂ©troitesse de son enseignement. « Echanger Messiaen contre Leibowitz, dira Boulez, câĂ©tait Ă©changer la spontanĂ©itĂ© crĂ©atrice contre le manque total dâinspiration et la menace dâun acadĂ©misme sclĂ©rosant. Sâil a pu faire illusion pendant quelque temps, câĂ©tait simplement Ă cause de lâignorance oĂč nous, on Ă©tait, en France, de toute lâĂ©volution de la musique sĂ©rielle depuis trente ans. »
Etc... Le texte complet est ici :
http://www.academie-des-beaux-arts.fr/a ... orcile.asp - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- Operma -
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{ par Operma
- le 03/01/2012 18:34:49 }
Oÿ! Ca fait beaucoup de truc à lire tout ça et je vais m'esquinter les yeux si ça reste sur l'écran. Je vais me l'imprimer. Merci pour le doc, l'ami! - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
Les choses qui n'ont rien en commun ont pourtant ceci en commun : c'est qu'elles n'ont rien en commun.
- edwe -
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{ par edwe
- le 03/01/2012 19:43:22 }
... J'ai tout lu , sans sensation de longueur, car le sujet est trĂšs intĂ©ressant . Merci pour cette excellente documentation ! Ces articles sont tout de mĂȘme Ă©difiant .... Et donnent un aperçu de l'Ă©tat d'esprit qui pouvaient rĂ©gner entre les musiciens de l'Ă©poque !... Mais Ă la rĂ©flexion, celĂ ne m'Ă©tonne pas ... N'est-ce pas encore un peu comme ça, aujourd'hui ...
edwe - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par ./.
- le 04/01/2012 00:22:24 }
je viens de lire et de relire cet article fleuve sans trop comprendre les tenants et les aboutissants ni mĂȘme les motivations de son auteur.
Je me permet de relever certaines inexactitudes tout de mĂȘme Ă propos de la schola cantorum et de l'affaire Dreyfus, Albeniz Ă en croire la courte biographie de Lucien Descaves fut un Dreyfusard convaincu, quand Ă Paul Dukas il ne pouvait Ă©videmment au plus qu'ĂȘtre rĂ©servĂ© (je dis ça sans savoir prĂ©cisĂ©ment), et D'indy c'est d'Indy..
Par contre Vuillermoz et pendant l'occupation une position un peu ambiguë (sans avoir jamais été convaincu de collaboration mais... Et puis bref...)
De mĂȘme toucher les mouvements bretonnants pendant cette pĂ©riode c'est comme qui dirait filmer la mer par temps variable...
Milhaud me semble-t-il dirigea la premiÚre Française du Pierrot Lunaire mais bon maintenant c'est Wiener je veux bien, alors qu'en fait la réalité est plus compliquée, Schönberg n'aimait pas l'interprétation de Maria Freund, qu'aurait-il dit de Philys Brin Julson ?
Bon maintenant croire qu'en c'est mieux en Allemagne faut ĂȘtre candidat Ă la prĂ©sidence de la rĂ©publique pour dĂ©biter de pareilles billevesĂ©es, ou alors il faut n'avoir pour lecteur que des ignorants de Marcel Baufils, mais si on cause musicologie ça limitĂ© le champs des lecteurs et ouvre la locution aux portes du monologue si j'ose dire enfin bref ça fait ballot Ă mha.
Les chapelles et les bandes apparaissent durant le romantisme en Allemagne avec les DavidsbĂŒndler il me semble, non ?
Angeliser MEssiaen et diaboliser Boulez merci à d'autres, c'est comme la croix rouge et le calendrier des pompiers, j'ai déjà donné
ce qui me semble juste par contre c'est
AndrĂ© Boucourechliev analysera lucidement ce dĂ©clin de lâavant-garde : « Les annĂ©es cinquante et le dĂ©but des annĂ©es soixante sont celles dâune avant-garde âdesperadaâ et fiĂšre, indiffĂ©rente au succĂšs mĂ©diatique ; la fin des annĂ©es soixante, câest la fin de la saintetĂ©, des âjustesâ. » (66)
Mais de ça notre Porcile ne fait rien juste il le dépose en bas comme si la fin de son article était une vieille litiÚre...
Alors oĂč veut il en venir et oĂč j'amĂšne ma bafouille ?
Ce qui est mort c'est une certaine notion événementielle des arts savants dans la vie bourgeoise et pour cause: les salons sont morts et enterrés par les 7 volumes de la "recherche", la princesse de Galles est morte aussi en sortant du resto et pour aller en boite avec son copain, le fils du marchand d'habit de son quartier, dans un accident de voiture, donc les blasons culturels de l'aristocratie, ont un peu perdu leur lustre..
Depuis le temps la culture a fait place aux loisirs qui tentent de s'affubler pour la plus grande joie des larbins de la rue de Valois de la notion de culture de masse, mais sans avoir lu Guy Debord ni Greil Marcus mon cher Deb on peut lire que la critique musicale de Libé finalement observe l'événement à sa vigie dans l'émergence de chanteurs kleenex le plus souvent épigones touchants de Patty Smith et Jony Mitchell ou sympathique de Pete Seegers et Emylou Harris...
Alors oui on peut voire dans la crĂ©ation contemporaine des Humbert tellement rongĂ©s par la presbytie qu'ils ne voient plus que Lolita est grand mĂšre et comme ça la messe serait dite, pour ma part je crois que les idiots mis en place par les pouvoirs (qu'ils soient Bouleziens ou zoficiels, mais depuis le temps ça revient souvent au mĂȘme) sont de dangereux escrocs qui ne sont nullement troublĂ©s de vider les salles avec un radotage de compositeurs classiques, mais surtout une excellence vide de sens, pour ma part la plupart des concerts que je vois sont des odes Ă Karl Kraus ...
Des mise en scÚne d'opéras souvent perplexifiantes surtout quand elles se veulent epoustoubouriffantes.
Comme disait un Coluche c'est beau hein ? bon on se casse ?
Et une portion de crĂ©ation dans les concerts officiels tellement congrue que c'en est ridicule, et lĂ pas question d'opposer allez je vais dire Connesson et Mantovani (je ne les Ă©coute jamais ni l'un ni l'autre plus de 10") mais la notion mĂȘme de crĂ©ation musicale et lĂ effectivement des personnes mal intentionnĂ©es veulent censurer les bandes rivales mais ne sont que les complice pathĂ©tique de la misĂšre de la crĂ©tion musicale officielle actuelle et quand c'est de l'Ă©venementiel vaut mieux oublier la notion mĂȘme de crĂ©ation, c'est pas demain qu'un Monteverdi pourra inventer l'opĂ©ra..
Et ça c'est criminel et fascisant, l'art ne peut que refléter le monde qu'il représente mais il est nécessaire pour cela,le canaliser que ce soit en pensums institutionnels et subventionnés (comme ça toute initiative est condamnée à mort d'avance) ou en spectacles rentables pour palais des congres est un acte criminel et quotidien
je dis ça ke dis rien, assez bavassé merci pour le café à la revoyure - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
chut dit la mouette
- deb76 -
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{ par deb76
- le 04/01/2012 14:49:03 }
./. a écrit :
je viens de lire et de relire cet article fleuve sans trop comprendre les tenants et les aboutissants ni mĂȘme les motivations de son auteur.
C'était une communication devant l'Académie des Beaux Arts sur l'esprit de chapelle qui allait vraisemblablement dans le sens de son livre les Conflits de la musique française 1940 - 1965 , avec lequel il a obtenu le prix Charles Cros en 2002.
Perso, ça m'a intéréssé, notamment sur les luttes d'influences entre les sociétés musicales (SN, SMI), ainsi que la rudesse des débats entre les compositeurs et qui préfigurent, bien, je trouve, la violence des propos au lendemain de la seconde guerre mondiale. C'est aussi avec ses sociétés, un outil important pour la diffusion de la création musicale. Enjeu important pour la diffusion des nouvelles tendances par la suite (le Domaine Musical).
En tout cas, ça m'a donné des pistes à explorer. J'avais commencé avec le livre d'André Coeuroy Panorama de la Musique Contemporaine écrit en 1927 et paru en 1928 et qui à cette date est une photographie de l'état de la musique contemporaine à mi-parcours entre les deux conflits mondiaux. Et au-delà du style ampoulé, pour ne pas dire plus au niveau des termes employés, il y a des pages vraiment intéressantes, et une vision sur l'avenir autour de l'atonal, des timbres purs, la musique mécanique (avec deux avis, celui d'Indy qui est contre et celui de Paul Dukas plus mesuré) le jazz, la radio, et il entrevoit déjà , une machine qui pourrait s'assimiler à un sampleur.
Je me permet de relever certaines inexactitudes tout de mĂȘme Ă propos de la schola cantorum et de l'affaire Dreyfus, Albeniz Ă en croire la courte biographie de Lucien Descaves fut un Dreyfusard convaincu, quand Ă Paul Dukas il ne pouvait Ă©videmment au plus qu'ĂȘtre rĂ©servĂ© (je dis ça sans savoir prĂ©cisĂ©ment), et D'indy c'est d'Indy..
ImprĂ©cisions ? C'est Ă dire ? Peux-tu expliciter ? Parce qu'a priori, oui si Albeniz Ă©tait un Dreyfusard convaincu, que Dukas Ă©tait rĂ©servĂ©, oui. Tout Ă fait, mais les autres ? Car les deux que tu cites sont des exceptions. Et la Schola Cantorum semble ĂȘtre plus dans un esprit anti-Dreyfus que le contraire, et dans la droite ligne des options prĂŽnĂ©es par Vincent D'Indy.
Milhaud me semble-t-il dirigea la premiÚre Française du Pierrot Lunaire mais bon maintenant c'est Wiener je veux bien, alors qu'en fait la réalité est plus compliquée, Schönberg n'aimait pas l'interprétation de Maria Freund, qu'aurait-il dit de Philys Brin Julson ?
Oui, la premiÚre du Pierrot Lunaire a été dirigée par Darius Milhaud en 1922 dans le cadre des concerts Wiéner. Et Schoënberg sera joué dans une soirée dédiée en 1927 dans le cadre de la SMI.
Ravel souhaitait, tu le sais, un concert scandaleux dÚs 1913, avec le Pierrot Lunaire et les mélodies japonaises de Stavinsky ainsi que ses propres poÚmes de Stéphane Mallarmé (Mais nous devons jouer cet oeuvre - cf Pierrot Lunaire - pour laquelle en Allemagne et en Autriche le sang coule , dira-t-il devant le comité de la SMI). Le concert aura lieu en 1914 mais sans le Pierrot Lunaire mais en1913, la SMI programmait les 3 piÚces pour piano op. 11 de Schoënberg et en 1914 les six piÚces op. 19. Ce qui amÚnera Marcel Orban (fidÚle disciple d'Indy et reflétant les idées de certains tenants de la Schola et de la SN) d'écrire dans le Courrier Musical du 15 juin 1913, aprÚs l'audition des trois piÚces op. 11, ce commentaire savoureux :
O! Dévoué M. Robert Schmitz, avez vous joué avec une conviction sincÚre Les trois piÚces pour piano de M. Arnold Schoënberg ? Je me refuse à le croire. Elles ont évoqué pour moi et bien d'autres, l'image d'un chimpanzé compositeur, improvisant au piano, dans l'obscurité avec ses pieds.
Pour Boulez, je n'ai pas trouvé qu'il l'avait diabolisé.
En revanche, j'ai été étonné de ne pas voir une référence au manifeste de Varsovie de 1948, avec la réponse via le livre L'artiste et sa conscience de René Leibowitz avec la préface de Jean-Paul Sartre (Les hautes idées progressistes, comment diable les mettre en musique ? Car enfin, la musique est un art non signifiant. )
Car là , ce qui m'intéressait, c'était d'avoir éventuellement des précisions sur l'attitude de Charles Koechlin par rapport au sérialisme. J'ai trouvé ceci qui m'intrigue :
"The Prague Manifestoâs call for the âliquidation of musical
alphabetismâ was likewise aimed directly at serial music. Koechlin had made his
rather jaundiced view of serial music apparent in his symphonic poem Les bandar-log
(Scherzo of the Monkeys, 1939-40), in which he represented the antics of the
monkeys with a theme generated by serial technique. In a program note for the
scherzo written just weeks before the Prague conference, Koechlin used the monkeys
as a metaphor for those musical adventurers who embraced serial techniques: âThese
monkeys, the vainest and most insignificant of animals, believe themselves to be
creative geniuses; but they are nothing but vulgar imitators whose aim is to be
fashionable and up to date.â8 A view such as this, coming as it did from the soon-tobe-appointed
president of the AFMP, did not augur well for Nigg.
Texte ici : http://www.h-france.net/rude/rude%20vol ... ersion.pdf - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par ./.
- le 04/01/2012 16:15:15 }
En furetant sur internet, me mĂ©fiant de moi mĂȘme j'ai tout de mĂȘme lu qu' Ariane et Barbe bleue n'a pas Ă©tĂ© Ă©crit sans arriĂšre pensĂ©e.
Paul Dukas a toujours été trÚs lié à la Schola, et fut invité à participer au conseil d'administration, toujours à croire l'ouvrage de Lucien Descaves, il a toujours gardé +/- ses entrées à la schola. Mais l'opinion des professeurs de la schola cantorum sur l'affaire Dreyfus était comme partout ailleurs trÚs divisée, d'indy ne faisait pas l'unanimité, la position "officielle" de la schola n'avait officiellement aucune importance et ne représentait pas ses enseignants, l'inexactitude est si je peux me permettre là .
Sans dĂ©velopper plus avant Deb, je me permet de croire que notre lecture diverge Ă propos de Messiaen Boulez le triton etc.. : Non pas sur un point de vue purement musicologique, quand mĂȘme faut pas charrier sinon l'institut serait vraiment bien dĂ©cati, mais sure une lecture "idĂ©ologique et politique"
Maintenant relis "Comment l'Allemagne est devenue Musicienne" Marcel Beaufils pour lire de façon exhaustive comment les lans musicaux se sont structurés formés armés et retranché en chapelles fortifiées dans l'Allemagne du XVII/XVIII avec les Almanach Musicaux, ou publiaient des crétins mais aussi des musiciens de l'envergure de Matheson...
Donc faut pas croire que la France a le monopole des chapelles des crĂ©tins des larbins et des clochemerles des larrons et autre chapardeurs du denier public ou larrons de Barons, de ce point de vue lĂ nous sommes partageurs nous importons et exportons mĂȘme Ă la cour des miracles
Mais surtout à mha ce que l'auteur néglige est évoqué au dernier paragraphe de mon laïus donc je vais pas y revenir; et la depuis des vieiles barbes comme Fumarolli sont déjà intervenues - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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- deb76 -
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{ par deb76
- le 04/01/2012 20:49:57 }
Sans dĂ©velopper plus avant Deb, je me permet de croire que notre lecture diverge Ă propos de Messiaen Boulez le triton etc.. : Non pas sur un point de vue purement musicologique, quand mĂȘme faut pas charrier sinon l'institut serait vraiment bien dĂ©cati, mais sure une lecture "idĂ©ologique et politique"
C'est à dire ? Mais concernant François Porcile, j'ai commandé son livre sur les Conflits de la musique française 1940 -1965 , ça m'intéresse et je pense que l'avis sur Boulez sera plus détaillé, qu'il soit en positif en négatif. Quand je disais qu'il ne me semblait pas qu'il y avait une diabolisation, je veux dire par là que les propos tenus par Boulez et rapportés sont connus.
Sinon, idéologiquement, et je pense à la lettre à Malraux, je me souviens bien avec un décalage de 6 ans, de l'importance du texte (repris dans Points de repÚres, page 481), des deux questions fondamentales posées par Boulez :
1) est-il bon de séparer la musique de l'action culturelle générale ?
) est-il bon de confier l'administration de la musique Ă un compositeur ?
A ces deux questions, je réponds catégoriquement : Non !, écrira Boulez. Il était pour s'appuyer sur des organismes plus généraux comme les Maisons de la Culture.
Six ans plus tard, j'avais lors de mon stage d'animateur culturel organisĂ© par le ministĂšre de la Culture comme directeur de stage Francis Jeanson que je connaissais bien par ailleurs, il m'avait formĂ© Ă l'Action Culturelle. Il militait pour l'action culturelle, pour le tryptique animation, crĂ©ation, diffusion. En 1968, il avair rĂ©digĂ© le Manifeste de Villeurbanne oĂč il dĂ©finissait la notion de non-public. Avec une direction spĂ©cifique de la Musique, les hommes de musique ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s des directions des Maisons de la Culture ou des Centres d'Action Culturelles (CAC), ou qui dit direction, suppose aussi le dĂ©veloppement d'une politique/action culturelle maĂźtrisant la diffusion et la crĂ©ation. Cet aspect a Ă©tĂ© du coup laissĂ© uniquement qu'aux hommes de théùtre, trĂšs au fait en raison de la dĂ©centralisation dramatique. Combien de femmes ou d'hommes de musique dirigent des Maisons de la Culture ? Et depuis quand pour cette poignĂ©e ? Nous Ă©tions quelques uns Ă le regretter et Ă se bagarrer, vainement, d'ailleurs.
Pour les chapelles, qu'elles ne soient pas le monopole de la France, je suis tout Ă fait d'accord.
Pour Koechlin, ce qui m'intrigue, ce sont les Bandar-log, le Scherzo des singes. Est-ce une satire, une moquerie de l'atonalitĂ©, des techniques sĂ©rielles, comme semble le penser l'auteur du texte anglais, oĂč plutĂŽt une sorte d'hommage ?
Mais la note du programme semble plutĂŽt aller dans le sens d'une critique acerbe : "Ces singes, le plus vain et le plus insignifiant des animaux, se croient gĂ©nies crĂ©atifs, mais ils ne sont que des imitateurs vulgaires dont le but est d'ĂȘtre la mode et Ă jour "
Il y a un livre qui aborde cette période, les musiciens français dans la guerre froide (1945-1956) par MichÚle Alten paru aux editions l'Harmattan.
Et tu as ce lien sur le Manifeste de Prague et le Chant du Monde : http://ipr.univ-paris1.fr/spip.php?article210 - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par ./.
- le 05/01/2012 00:51:51 }
points de repÚre est un ouvrage prété vraisemblablement par une petite amie à une indispensable de ses copine et que je n'ai jamais revu, il m'est donc difficile de suivre les cotes..
Mais en fait ce qui est frappant etcela fait partie des impostures de Boulez et de Malraut finalement (je ne parle pas de leur oeuvre artistique)
c'est la conception d'une reconduction de la reconstruction culturelle dans une France dévastée par la guerre de 40... en 1966 !
quand le paysageurbain, et culturel et global pour le coup avait réellement changé et que l'internationale situationiste dressait des constats implacables, bon c'était une autre époque etc.. Mes culottes remplaçaient à peine mes langes, mais avoir de l'indulgence pour une pareille imposture vis à vis de personnalités intellectuellement brillantes m'est impossible je suis à mon tour trop vieux et irrascible.
Ces gens là ont confisqué le droit de voir d'écouter et de refléchir et je vous dis tout net ces gens là ne sont pas des gens bien Monsieur Didier - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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