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{ par ./.
- le 18/11/2011 18:44:52 }
grigou a écrit :
Cela dit, je pense que l'utilisation des logiciels que tu cites n'est pas du tout incompatible avec une formation classique de conservatoire ni avec le travail avec de vrais musiciens.
Par exemple, dans le cursus de composition de mon conservatoire, les profs enseignent Max/MSP, Pure Data, PWGL, OpenMusic, etc. en plus des logiciels comme Cubase, Logic, Reason et autres. Du coup, on travaille autant sur la création de pièces instrumentales que mixtes ou électroacoustiques.
Toutefois, avec le temps, je me pose quand même de plus en plus de questions sur la pérennité des œuvres mixtes, et je serais intéressé d'avoir le point de vue de deb76 sur la question (mais c'est peut-être hors-sujet).
Non seulement pas du tout incompatible mais prévu pour le mixte au départ, patch max openmusic étaient des outils de suivi en temps réel pour musique mixte, c'était la première mission de l'ircam avec la 4x puis la nExt (il y a même eu un programme qui s'appelle suivi je crois)
La réponse est déjà dans des oeuvres comme celles de Nancarrow, Messiaen (ondes martenot) et même plus récemment Murail (les dx7 et tx 816 de désintégration etc...) les oeuvres sont toujours jouées mais adaptées au nouveaux moyens quand les anciens ne sont plus disponibles
bon ok la question était destinée à deb76 il répondra mieux que moi - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par deb76
- le 18/11/2011 20:10:10 }
Tristan Murail avec ses synthés lorqu'il expérimentait avec l'Itinéraire.
Jean-Etienne Marie, un spécialiste de la microtonalité en Live, entre piano et synthétiseurs dont deux Ems Synthi Aks et leur patchboard.
./. a écrit :
Non seulement pas du tout incompatible mais prévu pour le mixte au départ, patch max openmusic étaient des outils de suivi en temps réel pour musique mixte, c'était la première mission de l'ircam avec la 4x puis la nExt (il y a même eu un programme qui s'appelle suivi je crois)
La réponse est déjà dans des oeuvres comme celles de Nancarrow, Messiaen (ondes martenot) et même plus récemment Murail (les dx7 et tx 816 de désintégration etc...) les oeuvres sont toujours jouées mais adaptées au nouveaux moyens quand les anciens ne sont plus disponibles
bon ok la question était destinée à deb76 il répondra mieux que moi
Je suis totalement en accord avec ta réponse. Concernant le programme Suivi, je ne le connais pas. Par contre, je sais qu'à l'Ircam, ils ont planché jusqu'en 1990 sur l'environnement preForm/Esquisse écrit par Lee Boynton, Jacques Duthen et Magnus Lindberg, il y a eu aussi le programme Carla de Francis Courtot (1991), Board (qui avait l'air assez prometteur) et PatchWork qui fut le prédécesseur d'Open Music . Tristan Murail s'est servi notamment de Patchwork pour ses calculs pour Désintégrations avec Audiosculpt . IL a écrit aussi pas mal d'oeuvres pour ondes Martenot dont il fera intégrer l'instrument à l'Ensemble d'instrumentsElectroniques de l'Itinéraire (EIEI). Sur sa pièce Hexade , Messiaen en 1986 avait déclaré : C'est une oeuvre très avancée et l'une des mieux écrites pour l'onde.
Au niveau des synthés, Murail a pas mal travaillé avec, dont l'Ems Synthi Aks mais surtout la synthèse FM avec le DX7 et la TX816.
Pour la pérennité des oeuvres, comme tu le soulignes cela ne pose aucun problème (sinon celui des moyens et des équipes). Comme tu le soulignes, elles sont adaptées au matériel d'aujourd'hui. UN bon exemple, Les Sept Paroles qui ont été écrites en 1988-1989 et qui on été réécrites avec l'addition de choeurs virtuels au choeur mixte. Pour les deux DX7, on les trouve facilement. Repons, qui a été créée en 1981 avec la 4x continue à être jouée.
Grigou, je mets un lien sur la préservation/virtualisation des oeuvres mixtes. L'exemple porte sur En Echo de Philippe Manoury :
http://www.gamelan-projet.fr/res/JIM_AB_v1.pdf
Un autre lien intéressant concerne la modélisation de Studie II de Stockhausen (il a été porté aussi sur Max MSP comme tu le sais) sur Csound tout comme une partie du travail de Jean-Claude Risset :
http://www.grame.fr/Recherche/JIM/jim07 ... saDias.pdf
PS :
./. a écrit :
25 ans après Jupiter de Manoury (qui au passage fut le prétexte au démarrage de ce qui deviendrait Pd et max ?)
Je disais qu'en avais physiquement la preuve. Et c'est en l'occurrence le manuel interne que Philippe Manoury avait écrit à destination des compositeurs qui fréquentaient l'Ircam. Max en cours d'élaboration et Philippe Manoury avait utilisé Max pour sa pièce Pluton pour piano et 4X.
J'avais fait un texte en juillet 2010 sur mes Chroniques de la Mao et mis en ligne un PDF avec les premières pages du manuel. C'est ici :
http://magelectrique.blogspot.com/2010/ ... De-max.htm - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par grigou
- le 19/11/2011 01:27:50 }
./. a écrit : bon ok la question était destinée à deb76 il répondra mieux que moi
Je posais la question à deb76 parce que je sais qu'il travaille beaucoup dans ce domaine, mais évidemment tout le monde peut donner son avis, et ta réponse est très intéressante.
C'est vrai que les moyens peuvent être adaptés, mais personnellement (et pour préciser un peu mieux le fond de ma pensée), je me posais la question de la rejouabilité d'une oeuvre mixte indépendamment de son créateur.
Imaginons, une pièce mixte avec électronique en temps-réel, ou même encore plus simple : une bande avec déclenchements de fichiers sons pendant la performance.
Premier problème : cette configuration suppose un dispositif informatique : ordinateur, logiciel ou patch (Max/MSP, Live, ou autre), ce qui en soi pose déjà des problèmes d'universalité (compatibilité avec les différents systèmes d'exploitation, problèmes de versions de logiciel qui doivent être à jour, etc.) là où une partition papier ne pose aucun souci.
Deuxième problème : ce n'est aucun des musiciens qui prendra en charge la gestion de la partie électronique (sauf cas où un musicien déclenche lui-même les sons avec une pédale MIDI, mais j'ai des doutes tout de même), ce qui suppose une tierce personne qui doit prendre ceci en charge et donc avoir le matériel nécessaire pour utiliser les dispositifs et comprendre leur fonctionnement. Un patch Max/MSP ou autre n'est pas forcément accessible à tout le monde si la personne qui l'a conçu n'a pas un minimum de connaissance en ergonomie et interface logiciel. J'ai souvent vu des patchs absolument affreux et incompréhensibles (même parfois pour celui qui a fait son patch) et sans un minimum de documentation, il est très difficile d'en comprendre le fonctionnement. Et en plus de ça, il est souvent indispensable de prévoir une partition électronique pour le concert qui va permettre aux musiciens de se repérer et de se synchroniser avec l'électronique.
Troisième problème : la diffusion même de l’œuvre. Là où une partition traditionnelle peut être facilement diffusée, il n'en est pas de même pour une œuvre mixte qui doit livrer à la fois la partition pour les musiciens et le dispositif pour faire fonctionner l'électronique, les sons et la partition électronique (si elle existe).
Je prends un exemple simple, un ami guitariste avait voulu jouer une pièce contemporaine pour guitare et électronique. Il a donc récupéré la partition, déchiffré un peu la pièce, la pièce lui plait, et donc il part en quête de l'électronique. Problème, le compositeur est mort, et l'électronique n'est plus disponible nulle part. Résultat, la pièce est désormais morte et injouable.
Sans compter le problème de datation assez terrible de l'électronique comparé à l'acoustique (c'est aussi le cas dans les musiques actuelles d'ailleurs). Il suffit d'écouter l'électronique de pièces qui ont à peine 40 ou 50 ans pour se rendre compte à quel point les sons sont datés et dépassés. Alors qu'en parallèle les instruments acoustiques eux ont le même son depuis des siècles. Malgré l'évolution de lutherie, un violon a à peu près le même timbre aujourd'hui qu'il y a 2 siècles.
Et l'informatique évolue tellement vite qu'on ne sait même pas à quoi ressembleront les dispositifs dans les années et décennies à venir.
En comparaison d'une pièce purement acoustique, je trouve que les pièces mixtes créent un nombre d'obstacles vraiment très importants pour leur accessibilité et leur pérennité.
En revanche, les œuvres purement électroacoustiques ne posent aucun souci, on a un fichier WAV qu'on diffuse sur plusieurs enceintes et tout va bien.
Et pour rejoindre mon commentaire de départ sur la vie d'une œuvre indépendamment de son créateur : si j'écris une pièce disons pour piano et électronique en temps-réel, je vais utiliser un patch Max/MSP pour gérer cet aspect. Conséquence, si je veux que ma pièce puisse être jouée sans que je sois présent pour m'occuper de l'électronique, il faut que le patch puisse tourner sur tout système d'exploitation (rien que ça pose déjà problème, car un patch Max/MSP ne tournera pas sous Linux à moins de le porter dans Pure Data), qu'il soit parfaitement compréhensible et documenté pour que n'importe qui (même un musicien qui n'est pas forcément compétent en informatique) puisse l'utiliser et enfin, il faut que le patch soit disponible et accessible quelque part (de même que les fichiers sons). Si je veux la partition d'une pièce, je peux l'acheter en magasin ou sur internet, mais si je veux la partition d'une pièce mixte, comment et où je peux récupérer le dispositif et les fichiers sons ?
Et je trouve que le fait de devoir réadapter les œuvres mixtes régulièrement en raison des évolutions est assez symptomatique. Cela montre bien à quel point ce type d'œuvre est fragile, car totalement dépendant d'une époque et des évolutions technologiques. Elle n'a donc pas la capacité à être intemporelle et autonome vu qu'elle doit sans cesse être remise au goût du jour. Là où une fugue de Bach sera inchangée aujourd'hui comme dans 300 ans ou 5000 ans.
Désolé pour ce gros pavé, et désolé à Edwe si j'ai un peu digressé sur son sujet, mais je pense que la problématique est néanmoins intéressante. Après, je ne dis pas que c'est mal de faire des œuvres mixtes, mais j'ai l'impression (peut être fausse) que ce type de pièce n'a aucun avenir à long terme (contrairement aux œuvres purement acoustiques ou purement électroacoustiques)
deb76 a écrit : Grigou, je mets un lien sur la préservation/virtualisation des œuvres mixtes.
Merci bien, je vais lire tout ça attentivement ! - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par edwe
- le 19/11/2011 10:13:48 }
grigou a écrit : Pour répondre à la question de Edwe, pour ma part, j'ai suivi (et je continue de suivre) une formation classique au conservatoire (instrument, harmonie, contrepoint, composition, etc.), mais j'utilise aussi beaucoup l'informatique (Max/MSP notamment) vu qu'en parallèle j'ai passé un master en musique et son pour le multimédia.
Bonjour,
J'aimerais en savoir un peu plus sur la manière dont vous écrivez pour la musique contemporaine : Bon, Si on part d'une série dodécaphonique" de 12 sons ou moins, et que j'applique ensuite les séries inverses, rétrogrades , en miroirs etc.... Je vais obtenir un ensemble de série composées avec les mêmes sons que le série originale ...jusque là , je pense que nous sommes bien d'accord . Maintenant si je veux arranger la série originale pour le quatuor , comment vais-je faire ? : La serie de départ sera donnée au violon 1 .... Mais que vais-je écrire pour le violon 2, l'alto,le violoncelle et la contrebasse ????? vais-je prendre des fragments de la première série et les superposer , puis-je mélanger les séries obtenues par transformations ??? ... Et les superposer une au dessus de l'autre en les distribuant au quatuor . Qu'est -ce qui peut me guider dans mes choix en gardant à l'esprit le souci d'avoir une pièce équilibrée et structurée ?? Avant de m'intéresser à la musique contemporaine,j'ai toujours pratiquer l'écriture classique ,avec toutes règles et contraintes diverses et cette liberté soudaine désarçonne ! Si vous pouviez m'éclairer sur ce sujet en me disant en détail comment écrire pour le quatuor à partir d'une série . Merci d'avance ! En résumé : J'écris une série , la transforme et veux ensuite écrire un arrangement pour le quatuor ...en pratique , je fais quoi ?? ... un ou deux exemples ?? - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par ./.
- le 19/11/2011 10:53:03 }
grigou a écrit : ./. a écrit : bon ok la question était destinée à deb76 il répondra mieux que moi
Je posais la question à deb76 parce que je sais qu'il travaille beaucoup dans ce domaine, mais évidemment tout le monde peut donner son avis, et ta réponse est très intéressante.
pas de pb juste je trouvais étrange une question ouverte adressée à une personne en particulier sur un forum, maintenant il est vrai que sur le domaine des lutheries électroniques deb a un petit côté encyclopédique
C'est vrai que les moyens peuvent être adaptés, mais personnellement (et pour préciser un peu mieux le fond de ma pensée), je me posais la question de la rejouabilité d'une oeuvre mixte indépendamment de son créateur.
Imaginons, une pièce mixte avec électronique en temps-réel, ou même encore plus simple : une bande avec déclenchements de fichiers sons pendant la performance.
Premier problème : cette configuration suppose un dispositif informatique : ordinateur, logiciel ou patch (Max/MSP, Live, ou autre), ce qui en soi pose déjà des problèmes d'universalité (compatibilité avec les différents systèmes d'exploitation, problèmes de versions de logiciel qui doivent être à jour, etc.) là où une partition papier ne pose aucun souci.
Deuxième problème : ce n'est aucun des musiciens qui prendra en charge la gestion de la partie électronique (sauf cas où un musicien déclenche lui-même les sons avec une pédale MIDI, mais j'ai des doutes tout de même), ce qui suppose une tierce personne qui doit prendre ceci en charge et donc avoir le matériel nécessaire pour utiliser les dispositifs et comprendre leur fonctionnement. Un patch Max/MSP ou autre n'est pas forcément accessible à tout le monde si la personne qui l'a conçu n'a pas un minimum de connaissance en ergonomie et interface logiciel. J'ai souvent vu des patchs absolument affreux et incompréhensibles (même parfois pour celui qui a fait son patch) et sans un minimum de documentation, il est très difficile d'en comprendre le fonctionnement. Et en plus de ça, il est souvent indispensable de prévoir une partition électronique pour le concert qui va permettre aux musiciens de se repérer et de se synchroniser avec l'électronique.
Troisième problème : la diffusion même de l’œuvre. Là où une partition traditionnelle peut être facilement diffusée, il n'en est pas de même pour une œuvre mixte qui doit livrer à la fois la partition pour les musiciens et le dispositif pour faire fonctionner l'électronique, les sons et la partition électronique (si elle existe).
En fait quand yamaha a "inventé" les systèmes de capteurs midi, l'IRACM a immédiatement crée un partenariat mécénal avec eux eux (le prestige de Boulez et de l'Ircam était énorme à l'époque, Repons faisait la une de times magazine etc...
Le premier et le plus simple finalement ça a été le piano, un capteur midi sous chaque marteau et le tour était joué, le deuxième instrument qui fut midifié a été la flûte, en grande partie grâce à l'energie opiniatre du flûtiste de l'intercontemporain de l'époque, Lawrence Beauregard, on trouvera des photos pour jupiter de Manoury (écrite dans la même période que Pluton pour piano) ou y des fils qui sortent partout du biniou (capteur à l'embouchure et sous les plateaux), pour la guitare c'est arrivé ensuite pour la guitare electrique d'abord, et ensuite Arnaud Dumont fit réaliser une guitare classique à capteurs midi. ensuite on a su faire pour tous les instruments.Il est heureux que parmi les métiers de la scène celui de pétomane ait disparu...
Alors une fois que tu as mis des capteurs midi sur un instrument classique, c'est "simple" car en plus de son naturel de l'instrument que tu peux amplifier ou réinjecter via un sequencer par ex si tu as un ordi assez puissant, tu peux avoir un suivi de partition, d'où open music issu au départ d'un "finale trafiqué" je crois.
il fallait des programmes assez sophistiqué car le musicien peut faire du rubato une fausse note etc.. D'où les premiers patchs de Chowning, Puckette et j'en oublie bref les "californiens"
Je prends un exemple simple, un ami guitariste avait voulu jouer une pièce contemporaine pour guitare et électronique. Il a donc récupéré la partition, déchiffré un peu la pièce, la pièce lui plait, et donc il part en quête de l'électronique. Problème, le compositeur est mort, et l'électronique n'est plus disponible nulle part. Résultat, la pièce est désormais morte et injouable.
le problème de la perte d'archives est un problème vieux comme les archives , et depuis l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie que de drames irréparables...
Sans compter le problème de datation assez terrible de l'électronique comparé à l'acoustique (c'est aussi le cas dans les musiques actuelles d'ailleurs). Il suffit d'écouter l'électronique de pièces qui ont à peine 40 ou 50 ans pour se rendre compte à quel point les sons sont datés et dépassés. Alors qu'en parallèle les instruments acoustiques eux ont le même son depuis des siècles. Malgré l'évolution de lutherie, un violon a à peu près le même timbre aujourd'hui qu'il y a 2 siècles.
Alors pour le coté daté je suis désolé mais les "vieilles" pièces de Pierre Henry ou Stockhausen ont une qualité sonore encore inégalée à mon humble gout
Et l'informatique évolue tellement vite qu'on ne sait même pas à quoi ressembleront les dispositifs dans les années et décennies à venir.
En comparaison d'une pièce purement acoustique, je trouve que les pièces mixtes créent un nombre d'obstacles vraiment très importants pour leur accessibilité et leur pérennité.
Ben moi je préfère le son d'un steinway 1925 à celui d'un Fazioli mais personne ne s'en soucie , quand au guitares à barrage en carbone franchement ça intéresse qui ?, les guitaristes ? les flûtes en métal çé moins beaux queles flûtes en bois (d'ailleurs on y revient, on va éviter de parler des membranes de timbales en kevlar
En revanche, les œuvres purement électroacoustiques ne posent aucun souci, on a un fichier WAV qu'on diffuse sur plusieurs enceintes et tout va bien.
ouais surtout quand tu as les moyens de diffusions du studio de l'université de Manchester, sinon c'es vite dit
Et pour rejoindre mon commentaire de départ sur la vie d'une œuvre indépendamment de son créateur : si j'écris une pièce disons pour piano et électronique en temps-réel, je vais utiliser un patch Max/MSP pour gérer cet aspect. Conséquence, si je veux que ma pièce puisse être jouée sans que je sois présent pour m'occuper de l'électronique, il faut que le patch puisse tourner sur tout système d'exploitation (rien que ça pose déjà problème, car un patch Max/MSP ne tournera pas sous Linux à moins de le porter dans Pure Data), qu'il soit parfaitement compréhensible et documenté pour que n'importe qui (même un musicien qui n'est pas forcément compétent en informatique) puisse l'utiliser et enfin, il faut que le patch soit disponible et accessible quelque part (de même que les fichiers sons). Si je veux la partition d'une pièce, je peux l'acheter en magasin ou sur internet, mais si je veux la partition d'une pièce mixte, comment et où je peux récupérer le dispositif et les fichiers sons ?
le portage a surement déjà commencé, mais de toutes façon la sélection se fera suivant des jugements subjectifs, à itre comparatif Dittersdorf n'a pas été réédité aussi vite que Mozart...
Et je trouve que le fait de devoir réadapter les œuvres mixtes régulièrement en raison des évolutions est assez symptomatique. Cela montre bien à quel point ce type d'œuvre est fragile, car totalement dépendant d'une époque et des évolutions technologiques. Elle n'a donc pas la capacité à être intemporelle et autonome vu qu'elle doit sans cesse être remise au goût du jour. Là où une fugue de Bach sera inchangée aujourd'hui comme dans 300 ans ou 5000 ans.
la pérennité que tu évoques est à mha une illusion
+++
@Edwe
je ne saurais que trop te conseiller la fréquentation d'ouvrages tels que
René Leibovitz Introduction à la musique de douze sons, édition l'Arche (Paris 1949)
Theodore Adorno : Philosophie de la nouvelle musique (1948), trad. Hans Hildenbrand et Alex Lindenberg, Gallimard, 1962
Et pour une vulgarisation plus rapide les § consacrés à ce sujet dans la théorie de Mrs Abromont & Montalemebert - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par deb76
- le 19/11/2011 11:25:03 }
Bonjour,
Désolé pour ce gros pavé, et désolé à Edwe si j'ai un peu digressé sur son sujet, mais je pense que la problématique est néanmoins intéressante.
Si on se réfère au titre du sujet, Musique contemporaine et synthés , tes questions s'inscrivent bien dans ce registre.
Dans les points que tu soulèves Grigou, je suis bien obligé de reconnaître que tu as entièrement raison pour le quidam ou le centre culturel disons avec peu de moyens. Et heureusement que j'avais pris soin de dire entre parenthèses que le portage supposait des financements et des équipes spécialisées. Mais ceci ne se trouve que dans les centres de Recherche comme l'Ircam, le MIT, Stanford, etc, et qui bénéficient de l'apport d'assistants musicaux. Mais même, là aussi, cela suppose des formations mais aussi des compétences précises. Déjà , dans un texte portant sur la création musicale en 1992, l'Ircam, insistait sur l'apparition de productions différentes que de la simple pièce pour ensemble et dispositif électronique qui était jusqu'alors l'objectif principal : l'opéra de Philippe Manoury, le théâtre avec Marc Monnet, la diffusion radiophonique avec Marco Stroppa ou d'une exposition avec Martin Mantalon, et le constat notait chez les assistant musicaux des choix d'outils informatiques différents par goût ou spécialisation. Auxquels s'ajoutaient des lacunes dans la documentation ou des interfaces.
L'Ircam tout en notant, toutefois, l'apparition chez les compositeurs l'accès à un environnement personnel d'informatique musicale, soulignait que Le compositeur s'attache plus à la finalité de l'oeuvre musicale qu'à sa lutherie électronique et relègue au second plan les considérations d'ordre plus technique .
Aujourd'hui, cette problématique de la pérennité est prise en compte et fait l'objet de programmes de recherche européens dont celui d'Astree (Les oeuvres de musique contemporaine sont le plus souvent le résultat d’une collaboration proche entre compositeurs et informaticiens. Ces derniers s’appuient sur une large panoplie de techniques et d’outils numériques pour faciliter une expression musicale riche et, de plus en plus, interactive. Le langage Faust a été défini au sein du laboratoire Grame pour permettre une description fonctionnelle, globale et adaptée de ces processus temps-réel. Le projet ASTREE a pour objectif de faire de Faust le cœur d’un environnement permettant de décrire les oeuvres de musique contemporaine et de les préserver dans le futur.)
Sinon, tu évoques la diffusion et en corollaire le support/dispositif électronique-informatique, la partition électronique et son descriptif, de leur accès... sans oublier l'aspect désuet au niveau des timbres de pièces électroniques d'une quarantaine d'années. C'est effectivement une réalité. Mais en même temps, quand j'écoute le portage de Study II de Stockhausen sur un patch fermé de Max MSP (que l'on peut lire avec Max Runtime) et ouvert dans sa version Csound (et qu'on peut éventuellement modifier), ça ne me dérange pas. De plus, en prenant pour exemple Study II, je note que ce portage a été fait depuis pas mal d'années, donc avec des versions antérieures de Max MSP et qu'il n'y a aucun problème d'adaptation avec Max MSP 5 et aujourd'hui Max 6. Donc c'est possible. Mais ça demande des moyens et des équipes pour le faire.
Tu soulignes qu'il est plus facile de faire jouer aujourd'hui une pièce avec des instruments acoustiques en raison de la pérennité de leurs timbres, malgré l'évolution de la lutherie. Certes, mais combien de temps a-t-il fallu avant d'arriver à cette pérennité ? Il y a eu des tâtonnements, des évolutions.
La lutherie informatique en temps réel a combien d'années derrière elle ? Une poignée de décennie. C'est peu.
Quant à son évolution, avec les progrès de l'informatique à vitesse exponentielle, j'ose espérer que le portage, l'adaptabilité serons résolus dans un espace temps assez court (je sais, ce n'est une réponse, ce n'est qu'un voeu).
Elle n'a donc pas la capacité à être intemporelle et autonome vu qu'elle doit sans cesse être remise au goût du jour. Là où une fugue de Bach sera inchangée aujourd'hui comme dans 300 ans ou 5000 ans.
Certes, mais la fugue de Bach, à son époque, sur quel instrument était-elle jouée ? Avait-elle la même couleur timbrale d'aujourd'hui ? Et quand on joue une partition de musique ancienne avec des instruments d'aujourd'hui, n'y a-t-il pas une adaptation ?
et enfin, il faut que le patch soit disponible et accessible quelque part (de même que les fichiers sons). Si je veux la partition d'une pièce, je peux l'acheter en magasin ou sur internet, mais si je veux la partition d'une pièce mixte, comment et où je peux récupérer le dispositif et les fichiers sons ?
C'est vraisemblablement un des problèmes concernant la pérennité des oeuvres mixtes. La notation d'une part de la partie électronique, le dispositif électronique et son descriptif.
Prenons le cas de Désintégrations de Tristan Murail, la partition et la bande qui a été réalisé avec la 4X et le programme qu'avait écrit Murail pour certaines microformes Syntad devraient-être disponibles aux Editions Henry-Lemoine. Pour la partition, c'est sûr (je l'ai achetée pour voir les notations électroniques). Pour la bande, il n'y a aucune indication qu'elle est disponible. Mais dans le descriptif de Désintégrations (http://www.henry-lemoine.com/pdf/28227.pdf ) Murail note dans le dispositif de diffusion les précautions à prendre et les informations nécessaires pour la diffusion. Mais c'est assez sommaire.
Et c'est effectivement un problème. Comme tu l'as souligné, la musique mixte m'intéresse beaucoup pour ses potentialités sonores et j'essaye de travailler dans ce cadre mais sans me faire d'illusion pour la qualité du résultat (j'aurais aimé avoir 20 ans en 1981 car après l'Ircam j'aurais filé immédiatement au conservatoire pour faire un cursus de composition). Mais au moins, ça me donne des axes de recherche autre que de simples séquences sur 16 pas avec un séquenceur, aussi puissant soit-il. J'ai investi dans plusieurs partitions (Désintégrations de Murail, Neuf Ecarts vers le défi d'Ichiro Nodaïra, Xu Yi de Guo Feng, Hors-jeu de Hurel et Anthèmes 2 de Boulez).
Honnêtement, pour la plupart c'est décevant. La notation électronique est sommaire, j'oserais dire même, primaire.
En revanche, la partition d'Anthèmes 2 est exemplaire. D'une part, il y a deux partitions, celle uniquement pour le violon et la seconde qui comprend l'ensemble de la partition, celle du violon et la partie assurée par la régie informatique et où tout est décrit précisément (effets réverbération et delays, le spatialisateur, la ring modulation, le frequency shifter, les quatre harmoniseurs, les hauteurs, les harmoniques utilisées, etc. Et à cela s'ajoute le manuel technique de 11 pages écrit par Andrew Gerzso.
PS : il est très intéressant d'aller dans la rubrique compositeurs contemporains des Editions Henry Lemoine, on trouve dans oeuvres de musique mixte, parfois, des Pdf soit avec le descriptif électronique ou un extrait de la partition. C'est très instructif. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par ./.
- le 19/11/2011 11:44:27 }
Comparer une partition de 1985 à une de 1997 c'est comparer un vax des années 70/80 à un imac branché a un serveur, sans compter les progrès logiciels durant cette période.
Maintenant pour avoir suivi l'exposé de Murail à cette époque, la pérennité n'était pas son propos pas plus que l'idée d'anticiper ce que sera le "plus tard"
Les grands instituts comme l'Ircam ont toujours été basés des leur fondation sur le tutorat informatique et la synergie des découvertes techniques.
Comme deb le souligne les progrès de l'informatique ont été beaucoup plus rapides que ce que l'on pouvait imaginer dans les années 80, surtout en matière d'ergonomie.
Et maintenant l'avantage c'est qu'on a l'enregistrement. Par exemple personne n'a la moindre idée au vu de la partition de comment était jouée la messe de Machaut, une idée un peu plus précise relative aux opéras et aux "vèpres" de Monteverdi on a les instruments de Bach, les indications métronomiques de Beethoven ...
Donc la définition du précis et du sommaire est aussi à reviser comme la vision de l'histoire à ce compte là Didier ...
p/s
Quand aux moyens il font partie de la démonstration, et finalement l'Ircam c'est peu comparé aux machineries des princes Venitiens pour l'opera - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par deb76
- le 19/11/2011 11:55:16 }
./. a écrit :
Alors une fois que tu as mis des capteurs midi sur un instrument classique, c'est "simple" car en plus de son naturel de l'instrument que tu peux amplifier ou réinjecter via un sequencer par ex si tu as un ordi assez puissant, tu peux avoir un suivi de partition, d'où open music issu au départ d'un "finale trafiqué" je crois.
Pour le suivi de partitions, c'est Antescofo avec un patch Max MSP et l'éditeur de partitions NoteAbility Pro. Mais ce n'est pas évident à instaurer le protocole de liaison entre les deux. Je suis en train de tester.
Pour Open Music, non, l'ancêtre, c'est Patchwork avec son interface austère de petites boites mais que j'aimais bien. Par contre, il y a un plugin qui permet de lire dans Finale des fichiers en provenance d'Open Music. Et il fut un temps, où quand on achetait Finale via le Forum Ircam, on avait deux ou trois plugins qui permettaient, notamment des interpolations et des multiplications d'accords. Une possibilité qu'on peut faire très facilement avec le programme Musique Lab 2 destiné aux enseignants.
Alors pour le coté daté je suis désolé mais les "vieilles" pièces de Pierre Henry ou Stockhausen ont une qualité sonore encore inégalée à mon humble gout
Autant j'aime les vieilles pièces de Stockhausen, autant avec les sons électroniques (et je dis bien électroniques, pas concrets) de Pierre Henry, j'ai un peu de mal. Comme Grigou, j'ai tendance à les trouver datés. En revanche, le travail sur la voix de Jean Negroni dans Apocalypse selon Jean est fantastique. J'adore aussi sa sauvagerie électronique dans la mise en musique du Corticalart de Roger Lafosse. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par deb76
- le 19/11/2011 12:08:56 }
Comparer une partition de 1985 à une de 1997 c'est comparer un vax des années 70/80 à un imac branché a un serveur, sans compter les progrès logiciels durant cette période.
Oui, tu as parfaitement raison. Et comme tu le soulignes, la pérennité n'était pas son propos. Ceci étant, dans le livre de Thierry Alla, Tristan Murail, la couleur sonore, il y a un grand nombre d'explications sur ses calculs, sur ses dispositifs électroniques. Et il y a un livre aussi Contemporary Compositional Techniques and OpenMusic où il explique ses travaux avec Open Music.
Donc la définition du précis et du sommaire est aussi à reviser comme la vision de l'histoire à ce compte là Didier ...
Oui.
Quand aux moyens il font partie de la démonstration, et finalement l'Ircam c'est peu comparé aux machineries des princes Venitiens pour l'opera
Quand j'évoquais les moyens, disons que je pensais à la possibilité de mettre des personnes sur ce type de projets. Ce qui me parait important.
PS : Mais du Vax, avec Music 10, et donc du temps différé, j'en garde une certaine nostalgie. C'est pour ça que j'aime bien encore utiliser Csound. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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