♪ - FORUM PRO : L'écriture, l'orchestration, la théorie musicale, les éditeurs de partitions, les techniques, les influences musicales, etc.
Avatar du membre
   - Xavier Thiry -
Membre ♪♪♪♪♪
Messages : 2375
Enregistré le : 01/08/2007 12:32:43
Contact :

   

Message  { par Xavier Thiry

ptet que ça dépend du point de départ qu'on se donne. Moi je reste souvent longtemps à mariner sans rien faire, et à réfléchir à des couleurs de production et d'orchestration, quels instruments ou quoi + ou est l'angle de vue dans l'arrangement qui va faire que ça sera vraiment typé. Ca se résoud souvent sous la douche, pas besoin d'avoir les mains sur le clavier pour ça (au contraire).

Après, les notes elles viennent toutes seules (pas forcément les meilleures, mais au moins elles viennent) 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
   - JeromG -
Membre ♪♪
Messages : 200
Enregistré le : 12/07/2007 12:47:42

   

Message  { par JeromG

medley Honegger :

Je suis à la fois l'architecte et le spectateur de mon oeuvre : je travaille et je considère.
Quand un obstacle imprévu m'arrête, je quitte mon établi, je m'assieds dans le fauteuil et je me dis : " après avoir entendu ce qui précède, que souhaiterai-je qui puisse me donner sinon le frisson du génie, du moins l'impression de la réussite ? Qu'est-ce qui, logiquement, devrait arriver pour me satisfaire ? "

Et j'essaye de trouver la suite, non pas la formule banale que chacun prévoit, mais au contraire un élément de renouveau, un rebondissement de l'intérêt.
De proche en proche, suivant cette méthode, ma partition s'achève.


Je cherche d'abord le contour, l'aspect général de l'oeuvre. Disons, par exemple, que je vois se dessiner une sorte de palais dans une brume très opaque. La réflexion dissipe progressivement cette brume et me permet d'y voir un peu plus clair.
Parfois, un rayon de soleil vient illuminer une aile de ce palais en construction : ce fragment devient alors mon modèle. Quand ce phénomène s'est généralisé je pars à la recherche de mes matériaux de construction.

Je prospecte mes carnets de notes. (...) Je compulse mes cahiers d'esquisses dans l'espoir d'y découvrir un dessin mélodique, une formule rythmique ou des enchaînements d'accords susceptibles de servir. Parfois, je pense avoir trouvé ce que je cherchais et je me mets au travail. Souvent, je m'engage sur une fausse piste. Alors, comme un chiffonnier, je recharge ma hotte et je pars en quête d'éléments mieux appropriés. A nouveau j'essaye. Je laisse mûrir une ligne mélodique, je prospecte les différentes voies qu'elle m'ouvre. Que de désillusions ! Il faut avoir le courage de recommencer trois, quatre, cinq fois...
Telle est la définition que, répondant à une enquête, j'ai donnée du talent : "Le courage de recommencer".

Parfois, c'est un élément très secondaire qui vous donne la clé du problème. Ce rythme ou ce motif, qui me semblaient banals, je les aperçois tout à coup sous leur vrai jour, ils m'intéressent passionnément et je ne les quitte plus d'une semelle.
 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
   - JeromG -
Membre ♪♪
Messages : 200
Enregistré le : 12/07/2007 12:47:42

   

Message  { par JeromG

Je me permets aussi de rapatrier une citation d'Ivan qui a trait au sujet :

Je compose d'abord dans ma tête et si les thèmes ne s'accrochent pas, tant pis pour eux : en début de projet, je ne note jamais rien avant deux ou trois jour minimum. Après ce délai, je transporte partout un bloc de papier et un crayon. Moment heureux de la création où je peux déambuler dans les rues et m'arrêter prendre des cafés toute la journée, avec le sentiment pervers que c'est "pour raisons professionelles".

(Ivan Georgiev, Ma méthhips!thode de travail, 2008)


merci Ivan :) 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
   - JeromG -
Membre ♪♪
Messages : 200
Enregistré le : 12/07/2007 12:47:42

   

Message  { par JeromG

Je poursuis avec un peu de Ravel.

Ebauches
Ravel s'imposait des règles et des contraintes précises. Il ne croyait guère à l'inspiration. Avant de commencer la composition proprement dite, il semble qu'il arrêtait la forme de l'oeuvre à venir, ainsi que l'écriture des instruments et le caractère des thèmes. Ces contraintes vont même jusqu'à constituer des problèmes à résoudre, des paris à tenter, à l'instar du
Boléro (comment répéter continuellement un motif sans provoquer de lassitude ?)

Le piano joue un rôle essentiel dans le processus créateur ravélien. Une partie importante de son oeuvre vocale et orchestrale prend pour point de départ l'instrument solo, le piano à quatre mains ou les deux pianos. "Sans le piano on ne peut pas inventer des nouvelles harmonies", aurait-il déclaré à Ralph Vaughan-Williams. En outre, la configuration des mains sur le clavier permet de trouver des dispositions harmoniques. C'est ce qu'Emile Vuillermoz appelle les "empreintes digitales" de Ravel.

Le compositeur prend souvent comme point de départ une idée simple (un rythme, un
ostinato, un intervalle, un élément thématique ou un effet sonore particulier, pour concevoir un ouvrage entier.
Dans le même temps, il porte un soin vigilant à la forme et à l'équilibre de ses oeuvres. Il passe ses journées "à l'établi", comme il le dit lui-même. Il met une obstination un peu scientifique à construire avec solidité, à chercher le matériau le plus pur, à bien cimenter.

Le premier jet est constitué d'une mélodie et d'une basse chiffrée ; il développe ensuite la partie de piano accompagnée d'indications d'instrumentation. La basse chiffrée disparaît. Parfois, une version pour piano à quatre mains ou pour deux pianos s'intercale entre la version pour piano solo et l'orchestration. A la différence de Debussy, Ravel ne semble pas avoir écrit beaucoup de particelles, de "monstres" dans le jargon des compositeurs, d'état pré-orchestral sur trois, quatre ou cinq portées, permettant de noter des détails d'instrumentation ou d'orchestration.

Modèles
Pour élaborer une partition nouvelle, Ravel fait souvent référence à un modèle existant.
Il disait à son élève Roland-Manuel : "Copiez, imitez, faites des pastiches, si vous n'avez rien à dire, ça vaut mieux ; et si vous avez quelque chose à dire, vous aurez beau copier, votre personnalité se fera jour."


Lenteur
Chaque composition représentait beaucoup de travail, une concentration intense, une gestation parfois lente et difficile. Il pestait contre ce "bougre de métier" qui lui faisait reprocher à ses parents de ne pas l'avoir mis dans l'alimentation ; mais il convenait qu'il y avait dans cette tâche du créateur "des moments admirables".

Toute cette maturation intérieure pénible et longue lui permettait d'arriver "graduellement à voir, et avec un précision grandissante, la forme et la trajectoire d'ensemble de l'oeuvre à venir". Pendant des années, le musicien pouvait être préoccupé par cette composition qui mûrissait en lui, sans en écrire un note. "Après quoi la rédaction matérielle se fait relativement vite, mais il y a encore beaucoup de travail pour éliminer tout ce qui peut être considéré comme superflu avant d'arriver , aussi totalement que possible, à la clarté finale désirée."

Le compositeur avouait qu'il avait travaillé quatre années à la
Sonate pour violon et piano, "dont trois à en ôter les notes qui n'en étaient pas indispensables". Il fixait à un an le délai minimum pour achever une partition.


Dépression
La composition musicale peut prendre "les apparences d'une grave maladie : fièvres, insomnies, inappétence."
Comme tous les grands artistes, Ravel est sujet à la cyclothymie. Aux périodes fiévreuses et fécondes succèdent de désespérantes accalmies. Humeurs et mélancolie retardent fréquemment la poursuite ou l'achèvement des oeuvres.

Le "blues" cafardeux lui fait abandonner momentanément sa
Sonate pour violon et piano en janvier 1924, où figure précisément un "blues" sans doute libérateur. Cela peut aller très loin ; l'accumulation de la fatigue et le surmenage conduisent Ravel jusqu'à un état proche de la dépression, qui en réalité cache la maladie neurologique qui l'affecte : "Je me sens las. Une crise de dépression nerveuse...", déclare-t-il au journaliste de l'Excelsior, Gabriel Reuillard en 1933.


(d'après Maurice Ravel , le jardin féérique, Christian Goubault, Minerve 2004) 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
Avatar du membre
   - YuHirà -
☆ Team ♪ | Contrib.
☆ Team ♪ | Contrib.
Messages : 3609
Enregistré le : 25/06/2004 12:39:05
Contact :

   

Message  { par YuHirà

Dépression
La composition musicale peut prendre "les apparences d'une grave maladie : fièvres, insomnies, inappétence."
Comme tous les grands artistes, Ravel est sujet à la cyclothymie. Aux périodes fiévreuses et fécondes succèdent de désespérantes accalmies. Humeurs et mélancolie retardent fréquemment la poursuite ou l'achèvement des oeuvres.

Le "blues" cafardeux lui fait abandonner momentanément sa Sonate pour violon et piano en janvier 1924, où figure précisément un "blues" sans doute libérateur. Cela peut aller très loin ; l'accumulation de la fatigue et le surmenage conduisent Ravel jusqu'à un état proche de la dépression, qui en réalité cache la maladie neurologique qui l'affecte : "Je me sens las. Une crise de dépression nerveuse...", déclare-t-il au journaliste de l'Excelsior, Gabriel Reuillard en 1933.
Voilà qui est rassurant. Ca m'arrive souvent cela... :D 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
Avatar du membre
   - heral -
Membre ♪♪♪♪♪
Messages : 2999
Enregistré le : 20/11/2005 00:13:36
Localisation : Montpellier
Contact :

   

Message  { par heral

YuHirà a écrit : Voilà qui est rassurant. Ca m'arrive souvent cela... :D
à quand le bolero de yuhiravel ? :lol: 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
,,, le heral, parce que je le vaurien
Avatar du membre
   - ycras -
Membre ♪
Messages : 39
Enregistré le : 25/02/2008 08:52:01
Localisation : Paris
Contact :

   

Message  { par ycras

jerome gondran a écrit :Le compositeur avouait qu'il avait travaillé quatre années à la [/i]Sonate pour violon et piano, "dont trois à en ôter les notes qui n'en étaient pas indispensables". Il fixait à un an le délai minimum pour achever une partition.


Ca, un point qui me tracasse beaucoup. J'ai tendance à sur-orchestrer (en tout cas en classique ou progressive rock); les harmonies me viennent (trop) facilement, mais après il faut épurer, et ça prend un temps dingue. De plus chaque note qu'on vire pousse son petit cri d'agonie culpabilisant... Et on perd facilement son esprit critique.

Saint-Exupéry, je crois,disait "une conception n'est pas achevée quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retirer". Et Voltaire, écrivant en hâte à une amie: "Excusez la longueur de cette lettre, mais je n'ai pas eu le temps de faire court.".

Avez-vous aussi ce problème? Ou bien travaillez-vous toujours par couches successives, prêts à vous arrêter dés qu'il faut? Y-a-t-il des compositeurs qui peignent leur matière sonore, et d'autres qui la sculptent?
 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
Yannick
Avatar du membre
   - Xavier Thiry -
Membre ♪♪♪♪♪
Messages : 2375
Enregistré le : 01/08/2007 12:32:43
Contact :

   

Message  { par Xavier Thiry

moi j'empile j'empile j'empile tant que les idées viennent et après je dégage dégage dégage réarrange pour trouver le meilleur mouvement général je refais des prises en me basant dessus et puis je dégage encore quelques trucs et hop voila.

quand y a le temps.

j'aime bien l'idée que dans un morceau très épuré il y a tout de même les fantomes de toutes les pistes qui ont participé un moment au morceau, même si elles ont disparu. Moi en tous cas je les entends, et je me dis - c'est un peu mystique - que quelque part elles sont toujours un peu là pour l'auditeur. 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
   - JeromG -
Membre ♪♪
Messages : 200
Enregistré le : 12/07/2007 12:47:42

   

Message  { par JeromG

Moi en tous cas je les entends, et je me dis - c'est un peu mystique - que quelque part elles sont toujours un peu là pour l'auditeur.
Je trouve cette idée très intéressante.

Sinon, dans la foulée d'Ycras, il y a aussi Brassens qui disait quelque chose comme "c'est quand on croit qu'une chanson est terminée que le véritable travail commence". 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
Avatar du membre
   - YuHirà -
☆ Team ♪ | Contrib.
☆ Team ♪ | Contrib.
Messages : 3609
Enregistré le : 25/06/2004 12:39:05
Contact :

   

Message  { par YuHirà

Sinon, dans la foulée d'Ycras, il y a aussi Brassens qui disait quelque chose comme "c'est quand on croit qu'une chanson est terminée que le véritable travail commence".
Oui il faut la vendre :twisted: 
          - Compositeur .org -       Forum des Compositeurs : Musique et Composition
Répondre