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- YuHirà -
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{ par YuHirÃ
- le 26/12/2013 01:07:45 }
Bonsoir à tous,
J'aurais souhaité témoigner et discuter de la toute récente nouvelle politique de Youtube concernant l'identification de contenus protégés (content I.D.)
Sur le papier, je trouve cette idée formidable. Mais en pratique, il s'avère qu'elle se retourne petit à petit contre les auteurs eux-même.
Depuis que j'ai publié ma démo vidéo 2014 il y a quelques jours, j'ai subi plusieurs réclamations injustifiées qui m'ont conduit à perdre beaucoup de temps (plusieurs heures) à rédiger des contestations et à réuploader ma vidéo. Cela ne m'était jamais arrivé auparavant! Le nouveau système est très efficient!
La majeure partie des compositeurs de musique de film rencontrent en général ce problème lorsqu'il sont confrontés aux droits revendiqués par la société de production du film, ce qui est logique en soi. Mais en général, nous avons les droits pour l'exploitation par extraits à titre promotionnel sur le film, ainsi que les droits sur la musique.
La première réclamation que j'ai reçue est ainsi venue du réseau Trajectoire. Incompréhension de ma part, puisque le film est distribué par un autre distributeur. J'ai ensuite appris qu'une chaîne premium sur Youtube qui diffusait le film, appartenait à ce réseau et que ces "pros" sont protégés par défaut contre les copies frauduleuses sur Youtube. Après avoir contacté le distributeur, le gestionnaire de Trajectoire m'a lui-même contacté en m'expliquant la façon dont fonctionnait ce système de protection et en abandonnant la revendication. J'ai eu de la chance: entre ma découverte de la notification et le retrait de la réclamation, cela n'a pas durée plus d'une heure! Pour ce type de réclamation, il suffit en général de se tourner vers le distributeur ou le producteur pour régler le conflit.
Cependant, comme beaucoup des mes collègues, j'ai la particularité d'avoir concédé plusieurs licences pour des exploitations secondaires de mes musiques de film. En ce qui me concerne, mon risque de recevoir une notification devient du coup exponentiel.
J'ai ainsi concédé une licence non exclusive (fort heureusement orale) pour une exploitation discographique et radiophonique à un poète sur plusieurs de mes titres. Évidemment, on a fait un dépôt s a c e m sous un autre titre pour l'association de la musique du film et du poème. Il se trouve que ses disques marchent plutôt bien (surtout en radio).
En revenant de voyage ce soir, je me suis aperçu que plusieurs ayants droits ("[Merlin] Wiseband" puis ""One or more music publishing rights collecting societies" - qui semble un terme générique) revendiquaient des droits sur un autre extrait synchronisé au film, identifié comme un extrait d'un des CDs du poète. C'est la musique du film, le poème n'est pas associé à cette musique, et j'ai évidemment gardé les droits sur la musique originelle (droits de synchronisation). Avant que je ne réuploade ma vidéo, je me suis même retrouvé avec un lien de monétisation indiquant l'utilisation de la musique sous un autre titre, avec comme auteur... Le poète - je n'étais même pas crédité! Vous imaginez le préjudice professionnel (on aurait pu imginer que j'ai piqué la musique d'un autre sur la démo vidéo censée me vendre) et le préjudice financier (les droits d'auteur collectés le sont pour moitié au poète alors que l'exploitation ne le concerne pas).
La contestation est encore en cours.
Outre cette exploitation discographique, ma musique de film est également éditée par deux éditeurs d'illustration musicale. Là encore sous d'autres titres que les titres originels. Il était prévu que cette exploitation secondaire ne porte pas atteinte à l'exploitation initiale (c'est dans mon contrat) puisque les droits sont fractionnés. Mais j'imagine qu'il n'est pas impossible à l'avenir que je reçoive des notifications de mes propres éditeurs, voire des diffuseurs (TF1, Direct 8...) ayant synchronisé ma musique éditée.
Je pense que nous sommes tous concernés par les "dérives" du système du Content I.D, d'où ce sujet. Vu l'importance qu'a YouTube aujourd'hui pour la visibilité de nos démos, c'est une immense perte de temps, et il suffit que l'auteur d'une seule réclamation rejette la contestation pour que la vidéo soit supprimée (en théorie, il est impossible de la réuploader ensuite) et que le compte le soit aussi à terme.
Je n'ai pas de solution alternative à proposer, je comprends que ces dérives soient la contrepartie d'un système efficace. Mais je trouve cela assez triste pour les petits auteurs dont la démo vidéo est un outil professionnel et qui n'ont pas toujours le contrôle sur le choix des sous-cessionnaires.
Qu'en pensez-vous? - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- syl -
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{ par syl
- le 26/12/2013 14:46:31 }
Suggestion :
Le propriétaire des droits qui s'enregistre à ce programme ne peut-il pas faire connaître de manière systématique l'exception d'utilisation par le compositeur ? - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
- YuHirà -
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{ par YuHirÃ
- le 26/12/2013 23:25:23 }
Je n'en sais rien hélas, on en parle justement avec Wiseband actuellement (qui a accueilli favorablement ma requête mais en désactivant la monétisation des titres concernés).
Je ne suis pas au fait du fonctionnement de ce content ID, mais uploader une vidéo sans aucun crédit ? Ce n'est peut-être même pas légal...
En l’occurrence, le Content ID dans le deuxième cas que j'ai cité correspond à un fichier audio qui n'a pas été uploadé sur YouTube. Ils doivent sans doute avoir accès à une base de données mise à disposition par les représentants des ayants droits afin de déterminer l'utilisation frauduleuse d'un fichier audio dans une vidéo.
En vérité, le deuxième cas est sans doute un cas d'école. J'analyse ces titres comme des oeuvres dites "composites" (à mon sens en tout cas, bien que le régime juridique de l'oeuvre de collaboration puisse s'appliquer également). Le poète et moi avons de droits sur cette dernière, que nous exerçons conjointement mais chacun de nous avons également un droit que nous exerçons pleinement sur chacune de nos contributions, prises isolément. Or le Content ID est capable visiblement de dissocier la musique de fond du texte lu, et donc d'associer celle-ci à la musique utilisée sur la vidéo, alors que la titularité des droits sur ces différentes exploitations n'est pas la même. C'est effectivement un problème à mon sens.
Tout le monde s'accorde à dire que le remixeur d'un titre ne peut revendiquer un droit d'arrangeur que sur l'oeuvre telle qu'on peut l'entendre une fois qu'elle a été remixée par ses soins. Il ne peut pas légitimement revendiquer un droit d'arrangeur sur l'oeuvre originelle à laquelle il n'a pas contribué. Or c'est exactement ce que fait YT ici.
EDIT: je viens de voir que de nombreux films dont j'ai fait la musique ont un lien de monétisation avec un titre de l’œuvre composite sur d'autres chaînes YT. Bref, je me retrouve presque partout avec des musiques composées par moi attribuées au poète. Je ne vous raconte pas le nombre de mails que je dois envoyer - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par YuHirÃ
- le 02/01/2014 16:02:55 }
Heureuse coïncidence, je viens d'apprendre grâce à la revue RLDI de décembre que le TGI de Paris a reconnu dans une décision rendue le 20 juin 2013 la licéité de la mise en ligne par un créateur d'un book reproduisant des oeuvres réalisées sous la direction de son employeur .
Il n'existe pas de fondement légal explicite à ce droit (l'article L. 122-5 du CPI n'en fait pas mention et l'article est difficilement interprétable autrement - je ne rentre pas dans le détail), c'est une création prétorienne qui a une portée limitée puisqu'il s'agit d'un jugement en premier instance (ce n'est pas un arrêt de la Cour de Cassation), mais cela reste une grande première (c'est visiblement le premier jugement donné en ce sens), qui non seulement met en lumière tout ce à quoi je faisais allusion dans ce topic, mais intéresse également tous les créateurs que nous sommes.
En clair, le tribunal reconnaît le droit que nous avons à mettre en ligne à titre informatif un porte-folio d'œuvres que nous avons réalisées alors même que nous ne sommes pas titulaires des droits d'exploitation.
Cela peut paraître une évidence, mais rien dans la loi ne l'autorisait (et ne l'autorise) expressément.
A fortiori, compte tenu du raisonnement du tribunal qui considère que le porte folio est nécessaire à la recherche d'un emploi, cela signifie aussi qu'un compositeur de films peut mettre en ligne des extraits de film à titre promotionnel, même si son contrat ne l'autorise pas de manière explicite (ce qui signifie a priori que les autres coauteurs n'ont pas donné leur accord). La décision admet qu'on peut communiquer des œuvres intégrales, mais comme il s'agit d'un architecte, c'est en l'espèce une nécessité, ce qui n'est pas notre cas. - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par shambalord
- le 02/01/2014 16:49:26 }
Zut, ça va compliquer les choses pour ceux qui ont effectivement besoin d'utiliser de la matière qui n'est pas la leur à des fins promotionnelles. Est-ce que ce phénomène ne concerne que you tube pour le moment ou va-t-il s'étendre à Vimeo et Daylimotion ? - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par Sowatt12
- le 02/01/2014 17:30:06 }
Que YouTube pour le moment.
C'est vrai que c'est super pénible... - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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{ par Mathieu A.
- le 17/01/2014 11:34:12 }
Je vais devenir compositeur pour vidéo personnelle.... voilà un bon filon! - Compositeur .org - Forum des Compositeurs : Musique et Composition
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